Accueil > Les effets de l´explosion à long terme > Les effets des rayonnements sur l'organisme d) Mutation à différentes échelles
Tous les rayonnements n'ont pas les mêmes effets sur les cellules. Mais pour
tous les types de rayonnements ionisants, l'irradiation affecte surtout le noyau
de la cellule et particulièrement l'ADN. Echelle moléculaire
L'ADN est une des molécules les plus importantes pour les organismes vivants.
En effet la molécule d'ADN contient les informations indispensables au fonctionnement
et à la reproduction de l'organisme. Les rayons ionisants peuvent détruire les
brins d'ADN soit directement, par choc direct du rayon sur la structure en double
hélice, soit indirectement, par la radiolyse de l'eau présente dans le noyau avec
création de radicaux libres qui attaquent chimiquement l'ADN. Mais l'ADN est fragile
et d'autres types d'agressions peuvent survenir notamment les agressions thermiques,
chimiques ou la lumière ultraviolette. Toutes ces agressions utilisent l'action
des radicaux libres et sont donc difficiles à différencier. Ainsi les lésions
de l'ADN sont principalement de deux ordres, soit des cassures des chaînes de
l'ADN (un ou deux brins de la double hélice) provoquées par les chocs directs
; soit des dégradations ou disparitions de bases disposées le long de ses brins
par l'action des radicaux libres. Seules les cassures double brin sont spécifiques
des rayonnements ionisants. Echelle cellulaire
Les cellules possèdent des mécanismes puissants de réparation de l'ADN. En cas
de cassure de l'un des deux brins de la double hélice ou lacune au niveau d'un
brin, les réparations sont extrêmement rapides et fiables. (A titre d'exemple,
une cellule subit en moyenne 150000 cassures par jour). La réponse de l'organisme
est très efficace contre les destructions de l'ADN par les radicaux libres.
Par contre lors de cassure double brin, la réparation est beaucoup plus lente
et difficile (par manque du modèle intact que constitue le brin non lésé). L'issue
la plus fréquente est la réparation fidèle et la survie de la cellule mais dans
le cas contraire, l'échec de la réparation entraîne la mort de la cellule ou
nécrose. Dans certains cas, bien plus rares, les réparations fautives peuvent
ne pas entraîner la mort de la cellule (mutation non létale). Si le système
immunitaire ne détecte pas la cellule mutante alors la molécule mutante reste
dans l'organisme sans qu'il n'y ait encore d'effets notables sur l'organisme. Echelle macroscopique
Les rayons sont en faible quantité dans la nature et le système de défense de
l'organisme est suffisamment développé pour le protéger contre les faibles doses.
Par contre en cas de fortes doses souvent d'origine humaine (Hiroshima), le système
est dépassé par le nombre de cellules affectées par les rayons ionisants. Il
peut alors se produire des lésions directement visibles car à l´échelle macroscopique
. Les effets macroscopiques des
rayonnements ionisants sont majoritairement de deux ordres :
e) Les conséquences des radiations à Hiroshima
L´irradiation est accompagnée de divers effets secondaires comme l´affaiblissement du système immunitaire, la perte de cheveux, les hémorragies sous-cutanées etc., mais les plus importants restent
les cancers et les leucémies.
Un soldat juste avant de mourir ; cheveux tombés, hémorragie interne.
1 km de l´épicentre fin août 1945 / Photo by Gonichi Kimura Au début dès années 1960, la fréquence des cancers commence à augmenter avec en particulier les leucémies, les cancers de la thyroïde, du poumon, de la poitrine, et ceux des glandes salivaires. Les cancers de la thyroïde sont les seuls types de cancer que l’on peut éviter même après l’explosion. En effet ils sont provoqués par la fixation d’iode 131 radioactive dans la thyroïde. Pour se prémunir de la fixation d’iode radioactive, le meilleur moyen reste sans aucun doute la forte consommation d’iode non radioactive destinée à saturer la thyroïde. Elle ne pourra ainsi plus absorber d’iode 131. Le rôle des radiations dans cette augmentation du nombre de cancers est significatif. Des chercheurs ont rapporté une correspondance directe entre la distance à l’épicentre, la dose moyenne reçue, et le taux de cancers. Source : Effets des radiations de la bombe d´Hiroshima sur le
corps humain ; 1992 Les leucémies méritent un petit approfondissement car les scientifiques se sont aperçus que le temps de latence variait selon l’âge des victimes. Ainsi plus les victimes sont jeunes et plus la leucémie sera fulgurante. Le schéma ci-dessous représente bien ce phénomène : |